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vendredi, avril 18, 2008

77- Comment ne pas évoquer FANON en ces jours de départ de CESAIRE

"La violence qui a présidé à l'arrangement du monde colonial, qui a rythmé inlassablement la destruction des formes sociales indigènes, démoli sans restrictions les systèmes de références de l'économie, les modes d'apparence, d'habillement, sera revendiquée et assumée par le colonisé au moment où, décidant d'être l'histoire en actes, la masse colonisée s'engouffrera dans les villes interdites."

Frantz Fanon in "Les damnés de la terre"

Frantz Fanon est né à Fort-de-France le 20 juillet 1925. Médecin psychiatre, écrivain, combattant anti-colonialiste, Franz Fanon a marqué le XXe siècle par sa pensée et son action, en dépit d'une vie brève frappée par la maladie.

Franz Fanon fit ses études supérieures à la faculté de médecine de Lyon et fut nommé, en 1953, Médecin-chef de l'hôpital psychiatrique de Blida. Il avait déjà publié, en 1952, "Peaux noires, masques blancs". En 1956, deux ans après le déclenchement de la guerre de libération nationale en Algérie, Franz Fanon choisit son camp, celui des colonisés et des peuples opprimés. Il remet sa démission de son poste à l'hôpital et rejoint le Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie.

Il eut d'importantes responsabilités au sein du FLN. Membre de la rédaction de son organe central, "El Moudjahid", il fut chargé de mission auprès de plusieurs états d'Afrique noire puis ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) au Ghana. Il échappa à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. Jusqu'à sa mort, Franz Fanon s'est donné sans limites à la cause des peuples opprimés.

Il s'éteint à Washington le 6 décembre 1961, à l'âge de 36 ans, des suites d'une leucémie et est inhumé au cimetière des Chouhadas de Tunis.

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Josie, épouse et complice

Ceux qui l’ont connue gardent d’elle l’image de la journaliste professionnelle qu’elle fut. Au fond d’elle-même comme en un jardin secret envahi par l’arborescence des jours, elle conservait intact dans le canope de sa mémoire le souvenir de l’ami, l’amant, l’époux que fut Frantz.

Parfois avec quelques-uns, anciens amis, connaissances du temps de la guerre, complice, elle évoquait à demi-mot un moment de joie, le nom d’un compagnon disparu. Josie était le témoin de Fanon, l’étudiant en médecine au début des années 1950, qui lui dictait en marchant « de long en large comme un orateur improvise » les chapitres de son premier livre Peau noire et masques blancs. Elle était la compagne qui l’a suivi quand il a été affecté comme médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida-Joinville. La militante enfin qui s’est engagée, avec lui, sans hésitation aucune dans le combat pour la liberté, pour l’Algérie. Tout comme lui, Josie repose aujourd’hui sur cette terre, au cimetière d’El Kettar après sa tragique disparition. On comprendra que nous ne pouvions pas parler de lui sans dire des mots d’elle. Dans les lignes qui suivent, l’épouse, de coutume si peu prolixe sur son intimité familiale, livre quelques propos humbles, timides sur Frantz, son mari.En règle générale, je n’aime pas parler de ma vie privée et à plus forte raison de ma vie avec mon mari. C’est vraiment la première fois que j’aborderai ce sujet. On pense souvent à tort que les hommes qui par leur œuvre ou par leur action sont devenus célèbres se comportent dans la vie quotidienne différemment des autres mortels.

Je l’ai connu en 1949. J’avais 18 ans. Il en avait 23. Nous nous sommes mariés en 1952. Nous avons eu un enfant en 1955. Comme vous le savez, il est mort en 1961. Dans la vie quotidienne c’était un homme comme les autres. C’était un époux et un père très attentionné. Il a toujours fait en sorte que sa vie familiale reste un domaine privilégié et que ses activités professionnelles ou militantes n’empiètent pas sur ce domaine. Mon fils a eu une petite enfance très heureuse, ce qui est une garantie d’équilibre psychologique pour l’avenir. Je pourrai dire d’autres choses. Ce n’était pas un personnage austère. C’était quelqu’un qui aimait la vie sous toutes ses formes. Il aimait rire, il aimait la musique, il aimait danser. Il ne faut pas oublier qu’il était d’origine antillaise. Il avait le culte de l’amitié et des Algériens comme Omar et Boualem Oussedik, le commandant Azzedine et beaucoup d’autres pourraient vous parler de l’amitié qui les unissait à mon mari. D’une façon générale, bien sûr, je ne veux pas dire que ce n’était pas quelqu’un d’exceptionnel, mais pour moi, avec le recul du temps évidemment, il représente tout simplement ce que tout homme pris au sens large, tout homme ou toute femme, pouvait être. Tout le monde ne peut être psychiatre ou écrivain. Chacun dans le domaine qui est le sien peut sur le plan humain, sur le plan professionnel, un artisan par exemple, pousser jusqu’à des limites infinies les possibilités qu’il porte en lui ».

Extraits d’un entretien paru dans Révolution africaine. n° 1241 du 11 décembre 1987

http://www.algerie-dz.com/article907.html

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