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jeudi, janvier 27, 2011

231- Retour du Sud



Je suis rentré il y a quelques jours. Voici rétrospectivement quelques informations depuis le début janvier

Mardi 04 janvier 2011.
RAS. Br H. m’a appelé. Le soir, avec R. nous visionnons un film documentaire sur les événements climatiques mondiaux qui ont marqué 2010.

El Watan: Le drame des familles expulsées.
Les expulsions par voie judiciaire se sont multipliées ces dernières années. La période hivernale, les examens scolaires et le mois de Ramadhan sont ignorés.
Le Quotidien d'Oran: Youcef Yousfi: l'Algérie a de l'uranium pour son nucléaire.

Mercredi 05 janvier
Dans une aile du Palais des sport
a été aménagé un espace (important) où siège une annexe de la mairie.





Plus d'une centaine de personnes attendent impatiemment leur tour : se voir délivrer le nouveau sésame, le nouvel acte à vie de naissance, le « S 12 ». Une folie. Certaines personnes me disent être là depuis 3 heures du matin. Il est 11 h et elle n’est pas près de passer.


A Oran
, sur la rue Larbi ben M’hidi, à La Pergola (angle droit sur la photo), je prends quelques verres avec mon ami Br H. ainsi qu'un superbe plateau « pour deux » (700 da) d’excellentes sardines encore toutes frétillantes (c’est un chouia exagéré n’est-ce pas.)


Br H. m’invite à aller visiter la galerie de peinture de son amie Sh. A Choupot. L’accueil de Sh est fort sympathique. Sa galerie est tout en longueur. De nombreuses toiles de plusieurs artistes y sont accrochées.







La belle Sh. nous offre gâteaux et thé. Elle nous donne des explications sur certaines des toiles, sur leurs auteurs, et de manière générale sur « son métier »
Nous en sommes là à apprécier et discuter lorsque je reçois un coup de fil de Z. Il doit être pas loin de 16 heures : « Rentre dès que tu peux. Ne traîne pas. Il y a des manifestations avec risques de dérapages… Ne va pas en ville (au centre ville) ni à M’dina Jdida ». Nous sommes à 500 mètres de M’dina Jdida ! Nous quittons Sh. reçoit presque au même moment des messages pour rentrer chez elle. Elle ferme partiellement le portail de la galerie. D’autres commerces ferment aussi. La rumeur enfle. Quelques femmes courent. Qu’y a-t-il ? « on manifeste contre le manque de logement ! », d’autres : « contre l’augmentation des prix, on veut nous asphyxier ». D’autres coups de fil et messages. C’est sérieux. Sur le grand boulevard (non loin du zoo) quatre camions de police anti-émeutes défilent à toute allure, toutes sirènes hurlantes.




Un peu plus loin ce sont trois véhicules de gendarmerie qui se dirigent vers le Palais des sports. La foule, compacte, erre, pas de bus, pas de taxis. Les voitures personnelles se sont, comme par enchantement, volatilisées. Quelques égarées se croient dans un rallye. « Paraît qu’à Alger on manifeste aussi » nous dit une passant. Au niveau de l’entrée officielle de la préfecture, rue Mouloud Féraoun, à l’angle de la rue boulevard du 5 juillet, Z. m’attend. Je quitte Br. H. A cet endroit même, au 110, dans un beau local de près de 300 M2, mon père exerçait comme frigoriste. A sa mort, des militaires se sont approprié le local. Comme au temps de la colonisation. Définitivement. Toutes les actions en justice se sont avérées veines. Des milliers d’algériens furent, de la même manière, ou encore plus brutalement expropriés. Ceci est un petit clin d’œil aux manifestations d’aujourd’hui.


Soir:
Je lis des extraits du beau recueil de poèmes "Vingt neuf visions dans l'exil" de Brahim Hadj Slimane:









Jeudi
El Watan titre en une : Emeutes contre la cherté de la vie à travers le pays. Nuit agitée à Bab el Oued.
Oran : Protestations et mouvement de panique au centre de la ville.

Le Quotidien d’Oran : Emeutes à Oran.
Et un grand encart: "L'Algérie Autrement vue", Corrompus et corrupteurs dans le même sac! Ahmed Saïfi Benziane.Protéger les chrétiens d'occident contre la bêtise Abed Charef...
En page 32, la dernière: "Tunisie: décès du jeune homme qui s'était immolé par le feu: Un jeune Tunisien, Mohamed Bouazizi, qui s'était immolé par le feu le 17 décembre à Sidi Bouzid (centre de la Tunisie) et dont l'acte a déclenché une vague de troubles sociaux, est décédé mardi soir, a-t-on appris mercredi auprès d'ONG et de sa famille, "il est mort hier à 19 heures" a déclaré à l'AFP Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH).

J’apprends que Mme M. s’est remariée. Pincements. Elle réside désormais à Bir el Djir. Le soir, L. et moi faisons une virée à Mostaganem. RAS hormis le Pénalty (photo),

Djalti…et puis Port aux Poules.
De nouveau les rumeurs de manifestations qui enflent, enflent plus vite que la réalité des faits.
El Watan du vendredi-week end titre en page intérieur : « comme un air d’octobre 1988 », en une : « L’embrasement ».

Samedi 08. Un thé au Falaises (angle Khémisti et Loubet/Tébessi). A l'autre angle se trouve le Cluny (photo).


« Pas de monnaie » me dit le garçon qui suggère que ce n’est pas un problème. Le thé est gratuit donc. Une « Beaufort » au Méditerranée, face à Marcel sur la Loubet. Les rayons de la librairie du front de mer sont rachitiques. Les banques sont fermées, en ville à l’aéroport et au port ! « c’est wikèn ya Ssi » me dit l’agent de police qui filtre les entrées du port. El Djazaïr est amarré en attente des derniers passagers. Quelques uns déambulent sur le pont.
A 15 h 30 je me retrouve au Vendôme, un sympathique, et si vieux, bar, sur le flanc droit de la mairie.




Hier El Watan Week-end a titré EMEUTES, L'embrasement, sur fond d'une photo presque de pleine page montrant une quarantaine de jeunes lançant des pierres sur des agents de police. Et en dernière page, p 24: Emeutes à Alger: La ligue reporte plusieurs matches.

Ce jour El Watan: La contestation populaire prend de l'ampleur. Le Pouvoir face à la rue.
Le Q. O: Les émeutes se propagent. Et en manchette: Affaire du vraquier "MV Blida": Tayeb Belaïz: "L'Algérie ne versera aucune rançon".


Dimanche 9. Je prends l’avion en compagnie de notre ami, sociologue régional (et national par la même) A. L. Il ne donne pas cher de la peau des dictateurs des pays arabes « ils sont mûrs pour tomber tous ». En Tunisie c’est le bras de fer entre la population et le dictateur Ben Ali (et son épouse pâle copie d’I. Peron). Nous nous séparons à Marignane.
Dans l'avion il a lu tous les journaux, jusqu'au dernier des articles.

Le Soir titre sur toute la Une: "L'émeute s'installe".
El Watan: Les émeutes ne baissent pas en intensité à travers le pays. Le pourrissement, jusqu'à quand?
Le QO: Les émeutes sporadiques continuent: Trois morts et des centaines de blessés.
Liberté: 3 morts, 736 blessés et le saccage continue. C'est le pourrissement.
Un conseil interministériel s'est réuni hier. Huit mesures pour enrayer la hausse des prix. Page 24, la dernière: "Un jeune homme tente de se suicider sur le pont des Annassers".


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