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lundi, février 07, 2011

232- Du 25 janvier au 17° Maghreb des livres

Mercredi 25 janvier. Une élève (Gunaÿ) me dit avoir vu ma photo accompagnée d’un texte dans une revue. Je suis tombé amoureux du bout du monde, de Yel... J’irai à Yel…, cet ex « petit poste de traite », me fondre dans la communauté des fabricants de couteaux à lame de cuivre. Je suis à la « Passerelle ». Un vin bio est servi.

Premier février : L’Egypte basculera-t-elle aujourd’hui ? Jusqu’à ces derniers jours je n’y croyais pas. Mais le retour d’El Baradaï, et le comportement hautement responsable de l’armée (jusqu’à présent), qui a déclaré hier qu’elle trouvait « légitimes » les revendications populaires, elle qui n’a pas tiré une balle, me contraignent à modifier mon avis.

Samedi 5 février.
Je suis sur le boulevard Saint Michel, à Paris. Moubarek n’est pas tombé. Il est chancelant. Les USA semblent vouloir le lâcher (les Français tergiversent). Des centaines de milliers de manifestants sur la place Ettahrir scandent « Irhal, Irhal » (déménage ou plus exactement, dégage, slogan tunisiens désormais historique).
J’ai pris le TGV ce matin pour Paris. Arrivée à 11h27. Je suis venu pour assister au 17° « Maghreb des livres ». Rue Saint-Anne, au n° 55 se trouve la belle librairie qui fait aussi agence de voyage « Voyageurs du monde ». J’achète un guide sur les territoires extrêmes. Le cac de voyage me pèse. Mon ami M. ne peut me rejoindre. Je me dirige au Salon. Mon ami H. je le verrai demain. A l’accueil du Salon je peste cordialement contre les organisateurs qui n’ont pas daigné m’inviter. Br. H. m’attend à la Cafèt. Mon sac est lourd. Le salon n’est pas très animé. J’abandonne.
Bobigny. Au « Sénateur » je prends quelques notes en attendant mon ami M. Il ne tarde pas à m’y rejoindre. Loin sont les Sangs d’encre. La vie. Il m’héberge « bien sûr ».



Ah les voyages ! qui a dit qu’ils ne forment que la jeunesse ? Zet sûr? Verlaine? Ah bon...
Dimanche matin. Même pas mal au crâne. M. ne m’accompagne pas au Salon. Quant à moi, j’ai, là, un besoin immense d’être seul. Dans le métro qui m’emmène je lis « L’amer etc. » Une belle jeune femme est assise sur la banquette de cuir marron foncé d’en face. Je me lis et je trouve que certains passages sont beaux (désolé). Mon doigt est coincé entre les pages 76 et 77, à la ligne « Vendredi ». Je lis « Yasmin’ tire le portrait de la cafétéria en prenant soin de m’éviter.
(Dessin de Paul Verlaine (1844-1896) Les voyages forment la jeunesse In La Revue blanche, 1er semestre 1897)




Puis elle cadre des agents d’accueil avec lesquels elle échange quelques mots, pas moi, je pue… ». Emporté par mon propre enthousiasme je tend la page à la jeune femme, je souhaite vraiment qu’elle me lise, j’ai follement envie de partager. Mais la jeune fille se contente de sourire. Mielleuse mais m’intrigue. Je dis « vous êtes Française ? » « Ja souis Irlandaisse ». Beautiful, mais je dois descendre. I’m sorry. Elle sourit, elle est partie, emportée. Quai de station. Charles de Gaule. Je suis sur « La plus belle avenue du monde » (à vérifier). L’avenue est toujours aussi large, les touristes nombreux. J’ai parfois besoin d’être loin de mes proches, de mes amis, du monde. Seul, je récupère tous mes repères. Tout en moi devient cohérent, limpide. Il m’arrive, lorsque je ne suis pas seul, d’être dépossédé par celui ou ceux-là mêmes qui m’entourent. Cela n’est pas si étrange. Dépossédé d’une partie de mon « Etre ». Cette dépossession s’élabore par l’intermédiaire de discours. Les gens parlent, parlent. Mes tentatives d’intrusion (on le ressent ainsi) soit pour compléter soit pour contredire, sont toutes vouées à l’échec. Les gens n’écoutent pas.




"Homme, si tu es quelqu'un,
va te promener seul,
converse avec toi-même
et ne te cache pas dans un chœur."

Épictète (v.55-v.135).




Ou plutôt ils aiment s’écouter. Ils ont la sensation d’être dans le seul vrai possible. Et cela leur fait du bien. (Cela peut se passer au travail, chez soi, lors d'une conférence...) Comme je sais que cela leur fait tant de bien, je les laisse se parler, se convaincre, s’aimer. Voilà pourquoi je les laisse à leur propre sort. Narcisse est une jolie fleur, mais pas seulement. Quoi qu'il en soit je ne peux parfois ouvrir aux autres toute ma conscience. Voilà pourquoi je préfère être seul (ce n’est pas l’unique raison bien sûr).
Paris nous offre vraiment cette possibilité. Etre entouré de milliers de gens et être en même temps seul. Magnifique.

Je suis dans le bas de la rue de Ponthieu. A 13 h et je ne sais combien de minutes, les gens sont tristes. La serveuse fait la moue, les clients ne semblent pas débordés de joie. Le bistrot est triste, le temps à sa manière l’est aussi. Tout est morose et mon café noir Napoli, très noir, fait remonter en moi des souvenirs parisiens bien enfouis dans ma mémoire comme dans un cagibi aux parois décrépies, oublié. Des souvenirs des temps anciens, lorsque mes os et mes veines supportaient allègrement l’insupportable. Ah jeunesse traitresse ! Salope même, elle file sans crier gare, sans même vous tirer par la manche afin de vous mettre en garde. Pas même. Ils remontent donc ces souvenirs, ici, dans ce café, à six mètres 37 des Champs Elysées, à 13 h ou 14 h peu importe. Mes os alors et mes veines d’alors, disais-je, portaient souverainement la force de la fraîcheur de leurs printemps. A cette heure-ci, dans ce moderne mais triste bar du chic quartier de Paris tout est monotone. J'achève ce texte (le café a disparu) puis je m'en irai rejoindre des amis auteurs ou non au 17° Salon maghrébin des livres, ou plutôt le 17° Maghreb des livres.


Lundi
Hier je quittai "l'Angle", le café de la rue de Ponthieu, pour me diriger vers la mairie de Paris qui abrite le Maghreb des livres.

L'avenue des Champs
Elysées se réveillait, quoique assez tardivement. Alentours de l'avenue et de la place de la Concorde, de très nombreux touristes ciblaient avec leurs appareils sophistiqués, appareils photos et caméscopes, leurs proches figés, souriant à l'objectif, au milieu du gigantesque espace. Rue de Rivoli, des centaines de voitures de tous états et modèles déboulaient, en flots continus, à toute vitesse et toutes dans la même direction. Quelques courageux ou inconscients patineurs osaient affronter, et même défier la déferlante en rasant les trottoirs dans l'autre sens. Moi aussi j'ai pris des photos, tantôt à gauche, un immeuble haussmannien, tantôt à droite la grande roue, fendue en son centre, verticalement, par l'obélisque égyptienne ou la fontaine des Mers de "Nouh".



Plus loin le Conseil d'Etat majestueux ou encore une impressionnante rangée de vélos,




superbement alignés. Plus loin encore,










une limousine blanche immatriculée en Belgique, qui n'en finissait pas de passer. Au salon du Maghreb des livres il y avait beaucoup de monde, plus que la veille. Une impression de routine me saisit, plus que samedi, dès le premier quart d'heure; les mêmes auteurs

chaque année sont conviés à dédicacer leurs ouvrages, parfois les mêmes que ceux de l'année écoulée, aux mêmes tables.



A la cafèt. Br H. discute avec deux jolies femmes.


« Bonjour Zirem », Da l’Mouhoub est là ainsi que Si Ahmed D. Un imbécile me demande maladroitement de libérer ma chaise au profit de « monsieur le grand Benchicou qui est malade ».



Un imbécile disais-je.






Mes amis H. et Sn, nous ont rejoints. En fin de journée nous avons quitté le Salon pour aller nous attabler à « L’Etincelle » (angle rue du Bourg Tibourg et Rivoli) à deux pas de la mairie. Il y avait Br H, Sn, H., Yas (troublante, avec de grandes boucles gitanes pendues aux oreilles, prêtes (prête) à vous encorner), et A. Ben. Belle soirée quoique gâchée par les interventions intempestives de notre ami (tout de même) Sn. Aucun de nous n’a pu développer une idée tant il a monopolisé la parole. Mais c’est notre ami. J’aurais volontiers discuté avec A. Ben, de son écriture, avec Br. H. et les autres. Nous aurions évoqué les enfants des peuples anciens, le rapt de Maria, nous aurions parlé du jour qui viendra où l'homme ne vivra que pour écrire. Et pourquoi pas des années noires du journalisme au Bled, de nos voix multiples, de nos visions de l'exil. Et de Yas, tiens! bien sûr, du temps qu'il faut pour un aller simple... Mais hélas, mille fois.

Un inconnu nous a tendu un tract « APPEL : Le 12 février, les Algériens manifesteront à Alger à l’appel de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie en Algérie (CNCD), pour exiger : … Place de la République… » Je rejoins M. vers 22 heures 30
C'était hier.



Dès ce matin, il fait beau. Au café de la rue Petit j’attends H. Il m’accompagne jusqu’à la gare de Lyon.


Peu avant d'atteindre la gare, nous avons déjeuné , rue de Lyon.


Le TGV s’ébranle à 15 h 16 pétantes.

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