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dimanche, novembre 01, 2015

513_ Salon du livre d'Alger, suite


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Toilette de chat et café-crème avec m’semen légèrement croustillant et confituré. « Quinze mille » réclame le serveur, jovial. Dans les rues attenantes à l’hôtel (changement) les passants sont nombreux et les curieux tout autant. Les marchands de fleurs sont joyeux, pas les chauffeurs qui klaxonnent à tout rompre. Certains passagers arborent à travers les portières (ou sur les toits) des drapeaux d’équipes de football (ou de hockey-sur-glace ?) et chantent « Palestine, chouhada… » L’excitation ambiante renvoie probablement au match de football USMAlger-TPMazembe de ce soir, à moins que cela n’annonce une soirée révolutionnaire dédiée aux « valeureux-martyrs-de-la-noble-et-bienheureuse-Révolution-de-Novembre ». Oui, mais trahis les martyrs et la Révolution jusqu’à la moelle. La place du Cheval ou de l’Emir est saturée. La Librairie du tiers-monde est chagrine. La façade du Beaumarché est triste. Fermé depuis des lustres.

Métro à Tafourah. Direction La foire en passant par le tram à prendre au Ruisseau : 40 minutes environ. « 70 Da monsieur tout compris ». 1° Mai, Aïssat Idir… Jardin d’Essai, Les fusillés. Puis Tripoli-Taâlabia, Tripoli-mosquée,  Tripoli-Hamadach…. En arabe Tripoli se dit Tarabouls. Croyez-moi, j’entendais « Garagous » ce qui signifie « Marionnettes »… Allah ghaleb, le temps qui passe agresse nos organes, et c’est pourquoi l’indulgence à l’égard de mes auditifs doit être de mise.

Je continue. La foire enfin, on pourrait préciser le Salon. Mais non, on dit le plus souvent La foire… Je vous passerai les détails. Maracaña, le mythique et immense stade brésilien craquerait devant l’importance de cette foule dont je fais partie. Nous sommes partout, tout est monde, tout est mouvement, tout est zdihem… Le Salon de Paris m’apparaît soudainement ridicule en terme de fréquentation. Les mauvaises langues (je les ai entendues) disent que 70 à 80% des fréquentations du Salon bénéficient aux livres orientaux, aux livres religieux. Mauvaises langues. Je rencontre beaucoup de collègues, des libraires, des éditeurs (charmantes de Sédia), des auteurs… notamment le pétillant Caryl Férey qui parle de l’écriture avec une grande élégance à l’espace dédié à l’Institut français.


 


Notre ami Mohamed Balhi donne une interview à une télévision et Yamina Benguigui ne sait plus où donner de la tête, mais son film « Inch Allah Dimanche » projeté là-bas dans la salle Ali Maachi  n’attire pas…

Le soir, devant la Grande poste, face à un écran géant, la foule des supporters de football, s’échauffent, chantent, crient, dansent… Le match sera viril et la victoire certaine… Raté. Malgré la défaite des algérois USMAlger : 0 – TPMazembe : 2, la fête a duré longtemps dans la nuit, se confondant avec celle du 1° novembre 54… Des coups de canon (ou d’autre chose) sur la baie (ou ailleurs), je n’en sais rien, mais aussi des sirènes de bateaux, clôturent une journée folle de promesse. Les boules Quies font le reste. Nos « valeureux-martyrs-de-la-noble-et-bienheureuse-Révolution-de-Novembre » peuvent dormir (pas en paix, non, pas possible).

Je n’irai pas à La foire ce dimanche, je me le promets.

2 commentaires:

  1. Ahmed,
    merci de ce journal d'une visite, fidèle et vivant. J'ai flâné au jardin d'essai et devant la statue de Bourdelle: j'avais 19 ans et rêvais d'écrire un jour. Je lisais avec enthousiasme Le rivage des Syrtes. C'était il y a bien longtemps, plus de 63 ans, et depuis des tragédies ont eu lieu, mais l'enchantement des lieux est toujours là, accru, comme celui de la baie d'Alger et les abîmes de Constantine. Souhaitons qu'il tienne enfin sa promesse de bonheur à venir pour le plus grand nombre
    Max

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    1. Merci à toi cher Max. Ton mot est chargé d'espoir malgré les drames et le temps qui nous enserrent tous.

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